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— 6 juillet 9 septembre 2023
Infiniment(s)

Sophie KERAUDREN HARTENBERGER
Peinture . Dessin . Photographie . Sculpture

Exposition Art Science en collaboration avec
le LPG, Nantes Université et le CNRS

RDV Art du Voyage à Nantes 2023

Infiniment(s)

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L’artiste Sophie KERAUDREN HARTENBERGER mène une recherche sur la matière et le territoire par l’exploration du visible et de l’invisible dans l’infiniment grand et l’infiniment petit.
Elle vous invite à plonger dans son univers et découvrir ses nouvelles créations dans une atmosphère immersive. L’exposition Infiniment(s) se situe à la croisée de l’Art, de la Science et de la technique, elle s’inscrit dans la 12ème édition du parcours du Voyage à Nantes. Cet évènement est la poursuite d’une recherche initiée par l’artiste, le Laboratoire de Planétologie et de Géosciences de Nantes Université́. L’artiste nous invite à́ abandonner notre regard à de nouveaux espaces; à la fois lumineux et sombres. Les créations de Sophie Keraudren-Hartenberger nous interrogent sur notre rapport au monde et ouvrent sur des visions d’espaces infinies. Entre minéralogie et visions cosmiques, la recherche initiée par l’artiste sur l’ultranoir présente des vues spatialisées réfléchissantes.
À travers cette exposition Art et Science à la Galerie Mira, l’artiste souhaite révéler une nouvelle physique aux dimensions multiples, géométriques et sensibles. Le visiteur sera ainsi accueilli dans une atmosphère habitée d’images spatiales réfléchissantes, d’une scénographie composée de sculp- tures en verre lumineuses témoignant du cycle de la vie des étoiles, soit une vision cosmique du céleste, portant sur la couleur de la lumière et de l’énergie stellaire.

Le compositeur et improvisateur de musique ambiante, Tom Leclerc a créer pour l’exposition Infiniment(s) une bande son pour accompagner cet évènement. 

(…) En collaboration avec le musicien Tom Leclerc, lui-même ancré dans le domaine scientifique, Sophie Keraudren- Hartenberger met en lumière ce voyage dans l’espace par la dimension sonore, dans les interstices explorés entre macrocosme et microcosme. Tom Leclerc travaille l’idée de l’infini sonore par la boucle, drone ambient et minimale, combinant lentes variations harmoniques et portée méditative : au milieu des astres, une mise en ondes hypno- tique, qui complète les médiums à l’œuvre dans cette exposition polysensorielle.

Eva Prouteau, critique d’art

Exposition Infiniment(s) Sophie KERAUDREN Hartenberger Galerie MIRA Nantes

TOUT L’UNIVERS

INFINIMENT(S)

C’est un mot invariable qui se décline soudain au pluriel : le titre de l’exposition de Sophie Keraudren-Hartenberger, Infiniment(s), questionne l’infiniment grand dans l’infiniment petit et fusionne ces deux échelles de perception en un seul adverbe. Ce dernier raconte différents scénarios d’approche de ce qui est sans bornes, illimité dans l’espace et dans le temps, mais aussi, plus discrètement, de ce qui relève d’une qualité particulièrement intense, voire indescriptible. Dans la philosophie de Pascal, l’homme est précisément montréalternativement grand et petit, suspendu entre deux infinis, entre deux abîmes : c’est dans ce même suspens que Sophie Keraudren-Hartenberger développe ses recherches formelles, où les processus de fusion tiennent incidemment une place importante.

Exposition Infiniment(s) Sophie KERAUDREN Hartenberger Galerie MIRA Nantes
Exposition Infiniment(s) Sophie KERAUDREN Hartenberger Galerie MIRA Nantes

MAP

L’exposition s’articule autour de plusieurs cartographies photographiques : premier contact avec des visions d’infini, que l’artiste saisit grâce à la précision d’un bel outil de captation, le microscope mis à disposition par le Laboratoire de Planétologie et Géoscience (Nantes Université et CNRS). C’est une immersion dans la matière minérale, plus précisément la galène, espèce naturelle composée de sulfure de plomb. Le disque observé mesure 10 cm de diamètre, et il est ici agrandi 200 fois. Lorsque l’image lui apparaît, Sophie Keraudren-Hartenberger a le réflexe de zoomer plus profondément dans la galène, pour s’apercevoir qu’elle pénètre des zones de plus en plus obscures, néant noir où la matière tend à se raréfier, pour laisser éclore une sorte de firmament, empli d’éléments qui s’agrandissent, proches de météores ou d’étoiles. Dans cette échelle irrésolue, entre micro minéral et macro cosmique, l’artiste dévoile un univers immersif où plonger vertigineusement le regard, une dimension à la fois abstraite et existentielle, qui aborde par le sensible les phénomènes de perception du monde et la complexité à stabiliser l’identité des choses.

SYSTÈME CRISTAL

Par la peinture, Sophie Keraudren-Hartenberger aborde très différemment cette plongée dans la matière stellaire. Cette série picturale récente repose sur l’exploration de la structure du cristal, sur la géométrie de cette organisation. Chaque peinture orchestre précisément une symétrie de points tranfigurés en étoiles. Parfois, l’artiste détache ces partitions stellaires sur un fond ultranoir, qui absorbe énormément la lumière, et qui, par contraste, faire ressortir l’éclat astral renforcé par certains procédés picturaux, Sophie Keraudren-Hartenberger rehaussant d’un point de chrome le centre de chaque point, pour exacerber le réfléchissement de la lumière. Les réminiscences sont multiples, à rechercher du côté des peintures de Fleury Joseph Crépin, motifs perlés de couleur pure déposées symétriquement sur la toile, un art médiumnique intuitif vécu comme l’exploration des profondeurs de l’Inconscient ; mais aussi du côté de l’OP art, les grandes compositions de Vasarelly ou de François Morellet, et de l’esthétique 70 des représentations fractales…
Chacune de ces références, à sa manière, questionne la structure de l’univers : interroger la symétrie des cristaux, c’est interroger l’organisation du monde.

Exposition Infiniment(s) Sophie KERAUDREN Hartenberger Galerie MIRA Nantes

BLEU KLEIN D’ŒIL

D’autres compositions picturales éclatent sur un fond bleu hypnotisant. Le bleu représente pour Yves Klein l’infini, l’espace, le domaine métaphysique. Immatériel : « Il est hors dimension, tandis que les autres couleurs, elles, en ont. (…) Toutes les couleurs amènent des associations d’idées concrètes (…) tandis que le bleu rappelle tout au plus la mer et le ciel, ce qu’il y a après tout de plus abstrait dans la nature tangible et visible » (in L’architecture de l’air, Conférence de la Sorbonne, 1959). Klein découvre cette nuance de couleur dans le ciel des peintures de Giotto di Bondone, à Assise en Italie, et la travailla pour en faire un bleu dit d’outremer, «la plus parfaite expression du bleu ». Pour Sophie Keraudren-Hartenberger, le Bleu Klein incarne la couleur complémentaire de l’ultra noir, qui peut révéler la lumière tant il la capte intensément et change selon les éclairages.
Il confère ainsi aux tableaux de l’artiste un supplément de préciosité et de puissance cosmique : quelque chose de sacré, à mi-chemin entre les icônes byzantines réhaussées d’or et la transe psychédélique visionnaire.

Exposition Infiniment(s) Sophie KERAUDREN Hartenberger Galerie MIRA Nantes

VÉNUS

Au mur, un vaste diptyque au fusain et à la pierre noire, surface veloutée parcourue de plissements tectoniques, semble se mouvoir et s’effilocher sous nos yeux, organique et sensuel : il est réalisé d’après les images radar acquises par l’orbiteur Magellan. Sophie Keraudren-Hartenberger s’absorbe dans la matière de la planète Vénus, deuxième planète par ordre d’éloignement du Soleil, dont les montagnes sont recouvertes d’un matériau extrêmement brillant qui pourrait être de la galène, forme minérale du plomb aux propriétés ultra-réfléchissantes. Le velouté et la douceur du fusain, du carbone et de la pierre noire renvoient pourtant à une planète dont la surface est mortifère, à l’état de fusion. À nouveau, l’artiste traduit des sensations paradoxales, des changements de matière : cette planète apparaît aussi comme une boule d’écume ou un halo gazeux.
Traduire l’énigme de la planète Vénus, planète d’abord considérée comme une étoile, revient à aborder la question du leurre perceptif ; l’homme est obligé d’activer des scénarios pour combler l’absence de données, à cause de la matière très dense qui vient masquer la réalité de cette planète rocheuse et volcanique, douée d’une activité sismique violente.
Avec les moyens du dessin, l’artiste retrace les différentes étapes d’approche de cette Vénus qui résiste à l’homme : les processus d’abstraction nécessaires pour faire avancer les recherches scientifiques sont vertigineux, et déroulent des cycles évolutifs sur des millions d’années. Au passage, toute idée de mainmise de l’homme sur la nature et de quelconque contrôle se voit invalidée : dans l’infini, notre finitude devient confondante.

Exposition Infiniment(s) Sophie KERAUDREN Hartenberger Galerie MIRA Nantes

ACCRÉTION

Composée de roches, de verre soufflé et de cristaux de galène, la série Accrétion traduit quant à elle la présence des nuages de Vénus, rubans laiteux jaunis par l’acide qu’ils contiennent et visibles depuis la Terre. L’artiste rejoue cette épaisse atmosphère dans la rencontre de bulles de verre souples et brillantes, confrontées à des blocs anguleux de basalte et de serpentinite. L’artiste poursuit ses processus de translation et invente des dispositifs de révélation : elle traduit sa vision de la planète dans la trace du volcan ou du souffle du maître verrier, qui donne sa forme ovoïde à l’Accrétion, comme une volute de fumée qui vient se mêler à l’atmosphère. Ainsi l’objet rend compte à la fois du paysage de l’atmosphère de Vénus à différents égards, dans sa matérialité, l’inclusion de galène dans le verre et sa couleur, mais aussi par l’ombre portée dessinée et teintée par le verre. L’artiste parvient alors à figer l’image d’un nuage de matière qui tourne, par la transparence, par la fusion qu’implique la silice, autant de témoignages de l’aspect tellurique et calorifique de cette planète inatteignable.
De nouvelles Accrétions lumineuses déplacent ce propos et le décentrent de la planète Vénus, pour le ramener vers quelque chose de plus stellaire, avec une couleur teintée de jaune doré, et une autre bleu nuit, concentré de voûte céleste.
En astronomie, l’accrétion désigne l’accroissement de masse d’une étoile dû à la force de gravitation que cette étoile exerce sur la matière interstellaire environnante : les Accrétions de Sophie Keraudren-Hartenberger reflètent la même énergie minérale et gazeuse, en expansion ascendante.

Exposition Infiniment(s) Sophie KERAUDREN Hartenberger Galerie MIRA Nantes
Exposition Infiniment(s) Sophie KERAUDREN Hartenberger Sculpture lumineuse Galerie MIRA Nantes

LE TÉLESCOPE ET LE RÉFLECTEUR

Dans la Galerie Mira, la présence du télescope, qui s’intègre pleinement dans la scénographie de l’exposition, met en abîme la question de la vision : il existe comme une sculpture, peint en noir mat, délesté de tous ses oculaires, traité comme un dessin en 3D ; mais il est aussi augmentateur d’espace, métaphore d’échappées cosmiques. Le spectateur qui essaie d’observer l’environnement extérieur se trouve finalement confronté à son propre organe de vision : le rôle de récepteur de lumière du télescope, qui lui permet d’apercevoir des objets célestes invisibles à l’œil nu, est ici détourné à des fins d’introspection.
Tout proche, Sophie Keraudren-Hartenberger installe une sculpture intitulée Réflecteur : une lentille géante, dotée d’une surface de miroir laquée de noir, suggère à nouveau la notion d’infini, comme si le regard pouvait se couler sous la frontière la liquide. Une autre façon pour l’artiste d’augmenter l’espace d’exposition.

Exposition Infiniment(s) Sophie KERAUDREN Hartenberger Galerie MIRA Nantes

MUSIQUE DES SPHÈRES

Comment imaginer la bande originale du firmament ? En collaboration avec le musicien Tom Leclerc, lui-même ancré dans le domaine scientifique, Sophie Keraudren-Hartenberger met en lumière ce voyage dans l’espace par la dimension sonore, dans les interstices explorés entre macrocosme et microcosme. Tom Leclerc travaille l’idée de l’infini sonore par la boucle, drone ambient et minimale, combinant lentes variations harmoniques et portée méditative : au milieu des astres, une mise en ondes hypnotique, qui complète les médiums à l’œuvre dans cette exposition polysensorielle.

Éva Prouteau, critique d’art.

Exposition Infiniment(s) Sophie KERAUDREN Hartenberger Galerie MIRA Nantes

“ Ma pratique questionne transformation de la matière et des matériaux.
La manière dont j’aborde le visible passe par le matériel et le pendant qui est l’invisible, l’imperceptible. J’intègre une dialectique scientifique et industrielle qui me permet de cristallise une vision de liens possibles entre macrocosme et microcosme.”

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Portrait Sophie KERAUDREN HARTENBERGER Infiniment(s) Galerie MIRA

SOPHIE KERAUDREN HARTENBERGER

Sophie Keraudren-Hartenberger est née en 1990 à Fréjus Saint-Raphaël. Elle vit et travaille à Nantes aux ateliers Bonus de la ville. En 2016 elle est diplômée du DNSEP à l’École Supérieure des Beaux-arts de Nantes, elle se forme en 2011 à la Classe Préparatoire des Ateliers de Sèvres à Paris. Sophie Keraudren-Hartenberger développe un travail qui se situe au croise- ment entre art, science et technique. L’artiste mène une recherche qui porte sur la matière.
Il s’agit d’une exploration centrée sur la transformation des matériaux et les différents états de la matière. Il se présente sous la forme d’installations,
de mises en scènes sensorielles composées de sculptures, photographies et vidéos. Dans son travail, elle interroge une vision de l’infini, entre le vi- sible et l’invisible, le perceptible, tangible et l’imperceptible et envisage la minéralogie comme la métaphore d’un voyage dans l’infiniment grand et l’infiniment petit, entre la profondeur et la distance, dans le néant auquel est réduit le paysage, aussi bien par les éléments qui le composent que par sa température, à la frontière du visible et de l’invisible. La recherche conduite par Sophie Keraudren-Hartenberger sur la matière et les matériaux, sur la pellicule qui les sublime au sens alchimique du terme, nous offre d’infinies perspectives.
En 2023, Sophie participe au 73e Festival de la Jeune Création à Paris, ainsi qu’à la 13e édition de Art au Centre en Belgique.
Elle expose à la Maison de Champigny-sur-Marne suite à l’obtention du Prix Jeune Publique lors de la 18e Biennale d’Art contemporain de Champigny-sur-Marne.

Sophie Keraudren-Hartenberger, Ray, Ateliers Bonus Nantes
Courtesy de l’artiste © ADAGP Paris, 2022