L’exposition LANDES prend sa source sur l’ancien territoire d’extraction d’argile du Fuilet. Autrefois, lieu ressource pour sa capacité à donner une terre dédiée à la céramique, cette zone devenue « landes » est aujourd’hui plongée dans un état de transition et présente l’allure d’une possible forêt émergente. La terre argileuse y est très partiellement visible et les multiples trous d’extractions sont désormais quasi absents du décor, envahis par la nature ou devenus plan d’eau.
Le lieu porte une identité qui lui est propre et en rupture avec son environnement proche : bruyère, arbustes et autres plantes sauvages ont pris place, une forme de territoire plus communément nommée « terre inculte ». A mi-chemin entre une forêt ancienne et un écosystème végétal en cours d’élaboration, son apparence lui confère un statut « d’entre-deux » qui va, par la suite, jalonner la réflexion et l’orientation du projet.
La pratique en atelier déplace le regard. L’attention se porte sur le temps du façonnage et l’état de construction potentiellement permanente. A l’instar du dessin et de la gravure, le modelage de la terre contient cette capacité à développer des questionnements et des « formes » perpétuellement modifiables. Cette posture instable d’entre-deux, située entre celle du dessinateur-graveur et celle du modeleur, jalonne l’exercice de production d’une partie des pièces de l’exposition. Elle questionne le temps nécessaire de création d’une pièce par un façonnage fait d’ajouts et de retraits de matière jusqu’à atteindre ce moment intermédiaire où la forme de début devient une trace et la forme de fin reste encore un fantasme.
La production graphique revendique cet état d’entre-deux où un registre de formes émerge, chassant le précédent et s’apprêtant à accueillir celui qui sera déterminant. L’objectif est de rendre visible par le dessin, les formes et interventions successives nécessaire à l’élaboration finale d’une céramique.
Les pièces produites en atelier par le biais du dessin, de la sérigraphie, de la gravure entretiennent un dialogue avec le « territoire – support » du Fuilet et explore le changement d’état de la terre par l’émergence de registres de formes installées entre le paysage et l’objet